Noctheras, l’Ombre retenue
Les origines
Il fut autrefois Kaelen Dath’lorien, un elfe de sang né alors que sortaient de terre les premières pierre de Karazhan (-600). Témoin de la chute récente de Quel’Thalas (+ 20), naissait alors en lui la haine des démons. Il rejoignit l’ordre des Illidaris comme d’autres avec lui : en sacrifiant tout, jusqu’à son regard, brulant ses yeux, pour obtenir la puissance nécessaire à une revanche.
Devenu chasseur de démons, il était loyal, discipliné, et craint pour son efficacité froide. Il n’aimait pas se battre dans la rage : il préférait frapper vite, dans l’ombre, avec méthode. Ses tatouages, gravés à la main dans la chair, furent teints d’un violet inhabituel, signe d’une affinité instable avec la magie arcanique dénaturée. Certains y voyaient un mauvais présage.
Kaelen trouva la mort lors de l’assaut contre la Tombe de Sargeras. Il fut transpercé par un sabot de mo’arg alors qu’il retenait un portail seul, pour permettre aux autres Illidari de s’échapper.
Il mourut en héros. Mais le temps, lui, en avait décidé autrement.
L’Offre du Vide
Dans les limbes du néant, un souffle froid le retint.
L’instant fut figé.
Une voix sans bouche résonna, venue d’un futur qui n’existait pas encore.
“Kaelen Dath’lorien. Ton destin n’est pas accompli. Tu peux rester ici, dans les limbes. Mais tu peux également accomplir ta destinée. Ce chemin sera long et imprévisible, mais une voie nouvelle se trouve au loin. Si tu souhaites arpenter cette lignée, accepte cette seconde chance. Le souhaites-tu ?”
Il accepta. Et Naquit Noctheras.
Le Vol Infini le ramena à l’instant exact de sa chute. Il réintégra son enveloppe physique, dans un autre flux temporel, sa blessure encore brûlante mais guérie par des flammes qu’il ne reconnaissait pas.
Les dragons Infinis lui confièrent des missions. Corriger des erreurs. Préserver certains fils du temps. Déraciner d’autres. Chaque ordre venait sans explication, et Noctheras s’y plia sans discuter. Il savait que sa nouvelle vie n’était qu’un emprunt, une dette envers ceux qui l’avaient arraché au néant.
Pendant cette période, il continua d’user de ses anciennes capacités : magie démoniaque, flammes gangrénées, métamorphose partielle. Il portait toujours les cornes, les griffes, la malédiction.
Mais le doute grandissait.
L’Éveil du Vide, à Eredath
Durant sa mission sur Argus, Noctheras est envoyé à Eredath, les ruines éthérées d’un passé déchu.
Sa tâche est simple : protéger un point temporel clé, lors de l’approche des forces mortelles du Titan noir.
Mais ce jour-là, les lignes convergent : Alleria Coursevent pénètre dans l’ombre du Naaru L’ura… et l’univers entier retient son souffle.
Noctheras n’est pas là pour intervenir. Il reste observateur, s’assurant que la trame se déroule normalement.
Mais il est là.
Le moment où L’ura, brisé, meurt et renaît sous la forme d’un Naaru du Vide provoque alors une explosion, dont l’onde traverse la trame du temps elle-même.
Noctheras, qui se tenait à proximité, est frappé par cette onde, et soudain, changé. Assailli de visions, dans un silence assourdissant, il aura besoin de quelques instants pour rassembler ses esprits et se concentrer de nouveau. Mais il n’est plus seul, dans cette enveloppe charnelle.
De retour auprès des Infinis, il va taire cette expérience, à laquelle il n’aurait jamais dû prendre part.
Il taira avoir été irradié et envahi par le Vide, annonçant que l’évènement s’est déroulé comme prévu, et sans incident.
Ce Grand Mensonge, tel qu’il le nommera, restera un secret qu’il gardera pour lui, jusqu’au jour où son essence véritable, dénaturée, ne pourra plus se cacher.
Et ensuite…
Le jour viendra où sa tâche auprès du Vol Infini sera achevée.
Le moment où les flammes gangrénées s’éteindront, et où il embrassera pleinement le Vide.
Non plus comme un outil, mais comme une destinée.
Et ce jour-là, Noctheras ne sera plus un Illidari: il deviendra le Dévoreur d’Échos.
Lieu : Eredath, Argus
Temps : Peu avant l’instant où Alleria absorbe le Vide de L’ura
Contexte : Noctheras, envoyé par les Infinis, surveille un point de convergence temporel… sans savoir qu’il va devenir acteur d’un événement qui dépasse tout.
Le sol d’Eredath n’était plus qu’un souvenir.
Sous ses pieds, les pierres ne vibraient plus. Elles respiraient. Comme si la mémoire du monde luttait pour ne pas sombrer dans l’oubli.
Noctheras, silhouette dissimulée derrière un pilier effrité, observait.
Comme toujours.
Il n’était pas là pour intervenir. Seulement pour veiller.
Les dragons Infinis avaient parlé d’un “point critique”. Rien de plus. Pas de cible. Pas d’ennemi. Juste… une instruction :
Assure-toi que l’événement se déroule comme prévu. Rien de plus.
Alors il attendait.
Son souffle se mêlait au vent violet qui rampait entre les arches effondrées d’Eredath.
En contrebas, des formes se déplaçaient. Mortels.
Des figures bien connues : un draeneï, un nain, et… elle.
Alleria Coursevent.
Il fronça les sourcils.
Ce n’était pas anodin.
Quelque chose allait se produire.
Puis il sentit le silence.
Pas l’absence de sons.
Mais le Vide du son.
Un creux. Une négation.
Ses sens d’Illidari, affinés par des années de chasse démoniaque, ne comprenaient pas.
Ce n’était pas une présence.
C’était un appel inversé, comme si son être entier voulait s’échapper de lui-même.
L’ura meurt. Le Naaru meurt. Et le Vide naît.
Il ne vit pas l’instant exact où Alleria s’ouvrit à l’ombre.
Il ne vit pas le flash.
Il ne vit pas le changement de lumière.
Parce que ses yeux s’étaient fermés.
Sans qu’il le décide.
Parce qu’il ne regardait pas dehors.
Mais dedans.
Il tomba à genoux.
Le souffle coupé.
Non pas de peur. Ni de douleur.
Mais par saturation.
Des souvenirs qui n’étaient pas les siens
— une forêt qu’il n’avait jamais vue
— des mains tachées de sang
— une lame dans le dos d’un frère qu’il n’avait jamais eu
— une tour, seul, au bord du vide
Il hurla, mais aucun son ne sortit.
Il n’était plus tout à fait là.
Tu ne m’as pas appelé, chasseur… mais tu m’as laissé entrer.
La voix résonna sans direction.
Pas à son oreille. Pas dans son esprit.
Elle était partout en lui, comme si ses os, ses nerfs, son souffle portaient un écho.
Il ouvrit les yeux.
Tout était pareil.
Mais rien n’était pareil.
Les flammes de ses mains s’étaient calmées.
Les pointes gangrenées de son tatouage pulsaient lentement, virant par endroits à l’indigo.
Son cœur battait en contretemps.
Et pour la première fois depuis sa “renaissance” temporelle…
Noctheras eut peur.
Il remonta la colline.
Ignora Alleria. Ignora les siens.
Ignora la voix, pour l’instant.
Et lorsqu’il appela la balise temporelle pour retourner dans les limbes des Infinis, il comprit.
Il n’était plus un simple chasseur de démons.
Il était un récipient.
Et la graine du Vide avait germé.
Il prit le chemin du retour dans la Fracture du Temps. Le transfert n’avait duré qu’un battement de cœur.
Mais son souffle était resté à Eredath.
Quand Noctheras ouvrit les yeux, le monde n’avait plus de couleurs.
Il ne s’y habituerait jamais.
La Fracture du Temps — ce repaire des Infinis, hors du temps et de l’espace — était un lieu décoloré, tissé de gris mouvants, de lignes instables, et de structures flottantes faites d’ombres figées.
Personne ne l’accueillit.
Comme toujours.
Les dragons Infinis ne se montraient que lorsqu’ils avaient une raison. Et leurs agents… n’étaient que des outils.
Il avança dans les corridors suspendus, croisant d’autres formes — spectres de lui-même ? voyageurs temporels ? hallucinations ? — sans jamais les regarder.
Il atteignit le noyau de la Fracture.
Un immense globe d’ambre figé dans les airs, pulsant lentement, comme un cœur ancien.
C’est là qu’il devait faire son rapport.
Une voix s’éleva, douce et implacable.
Observation d’Eredath. Confirme : le flux s’est déroulé comme prévu.
Noctheras ne leva pas les yeux.
Sa gorge était sèche.
Mais sa voix, elle, était d’une neutralité parfaite.
— “Oui. Alleria Coursevent a reçu le don du Vide. Aucun incident à signaler. Aucun écart détecté.”
Il mentait.
Et le pire… c’est que cela lui parut facile.
Aucune interférence ? Aucune manifestation non prévue ?
Il hésita une fraction de seconde.
Le cœur d’ambre cligna, presque imperceptiblement.
Il se força à respirer normalement.
— “Non. Tout s’est déroulé selon le flux.”
Silence.
Long. Épais.
Puis :
Mission validée. Prépare-toi pour la convergence suivante.
Le lien fut rompu.
Il resta là.
Seul dans cette demi-lumière intemporelle.
Les autres passaient près de lui, absorbés dans leurs propres tâches.
Personne ne le regardait.
Mais il se savait changé.
Son reflet, dans un fragment de temporalité fissurée, n’avait plus les yeux verts.
Pendant une seconde, il crut y voir une lueur violette, dans ses iris.
Puis plus rien.
Il posa la main sur sa poitrine, à l’endroit où le battement ne suivait plus le même rythme.
“Ce n’est rien,” pensa-t-il.
“Ce n’est pas encore.”
Mais il savait.
Le Vide était en lui.
Et il avait choisi de le taire.
Noctheras est un Elfe de Sang, Chasseur de Démons.
C’est un personnage que je vais créer (et oui, il n’existe pas encore) à l’occasion de Legion Remix.
Une fois l’évènement terminé, il rejoindra les autres personnages existants, aussi bien au niveau du jeu, qu’au niveau RP.
A sa création, la question concernant son Lore a été de savoir s’il allait avoir une histoire totalement indépendante, ou si j’allais y intégrer Legion Remix.
Et comme vous l’aurez certainement lu dans son histoire, c’est le second choix qui a été retenu, sur les conseils de Ramsolem, un joueur avec qui je fait beaucoup de RP.
Noctheras utilisera, à la sortie de la prochaine extension Midnight, le nouvel arbre de talent des Chasseurs de Démon: Dévoration (Devourer). Cet arbre remplacera les aptitudes démoniaques par des sortilèges à distances et liés au Vide.
Comment donner une explication logique et cohérente à ce changement, pour Noctheras ?
Je souhaitais à l’origine créer un twist au moment de la sortie de Midnight. Mais là encore, Ramsolem a suggéré l’incident d’Eredath, qui survient pendant l’extension Legion, et qui lie Alléria au Vide. Un moment clé pour Azeroth qui était effectivement parfait pour amorcer le changement radical de Notheras.
Une fois que ses tâches seront terminées auprès des Infinis (fin de Legion Remix), il rejoindra la trame temporelle actuelle, gardant ainsi une certaine méfiance auprès des Dragons. Certes, le Vol Infini l’aura ramené à la vie, mais en aura également fait l’un de leurs servants pour l’analyse des trames temporelles.
D’autant que Noctheras sera convaincu d’avoir réussi à cacher aux Infinis sa transformation lors de l’incident d’Eredath, un évènement qu’il gratifiera lui même comme étant “l’évènement du Grand Mensonge“, mais il apprendra longtemps après que les Infinis étaient parfaitement conscients de ce qu’il s’était passé, et des conséquences sur lui.
Pourquoi ne lui avoir rien dit ? Pourquoi avoir accepté d’entendre ce Grand Mensonge ? Avaient-il prévu que cela se produise, le souhaitaient-ils ?
Des questions qui seront le lit de la grande quête de Noctheras, une fois qu’il aura retrouvé la trame temporelle normale 🙂